Pathologies et principe des traitements

FISTULES ET ABCÈS

focus-fistule
L’apparition de la fistule anale et l’apparition d’un abcès sont généralement liées et se font en plusieurs étapes :
– la première étape est l’infection d’une glande qui est située à la partie haute du canal anal.
– la deuxième étape est la création d’un liquide purulent qui se diffuse à travers les tissus et les muscles qui entourent le canal anal
– la troisième étape est la formation d’un abcès de la marge anale causée par la suppuration, qui en se logeant sous la peau entourant l’anus, forme une boule rouge inflammatoire.
La fistule anale et l’abcès de la marge anale correspondent à la même maladie.
L’abcès est toujours la conséquence d’une fistule anale.
Aussi appelée fistule ano-rectale, la fistule anale est le résultat de l’infection d’une glande située à l’intérieur de l’anus, avec le plus souvent une excroissance à la peau de la marge anale ou de la région péri-anale.
La glande infectée répand son contenu dans une cavité sous-cutanée, sous la forme d’un bouton abcédé. Lorsque ce dernier s’ouvre, il est responsable d’un écoulement purulent soit en continu, soit par intermittence et n’arrive donc pas à cicatriser.
La fistule anale n’est généralement pas douloureuse et se manifeste par un écoulement de pus autour de l’anus.
Quand la douleur survient, cela indique la formation d’un abcès de la marge anale. La douleur peut s’interrompre si le liquide de l’abcès s’écoule seul. Pour autant, ne plus avoir mal ne signifie pas être guéri. En effet, il est très fréquent chez les patients souffrant de cette pathologie, de voir apparaître de nouvelles poussées inflammatoires.
Tout le monde peut être victime de l’apparition d’une fistule anale car celle-ci n’est pas le fait d’une mauvaise hygiène de vie, ni d’une alimentation particulière.
Toutefois, certaines pathologies peuvent favoriser leur apparition : c’est le cas pour la maladie de Crohn et pour certaines maladies sexuellement transmissibles.
Alternance de douleurs aigües et de suppuration
La poussée inflammatoire se complique toujours d’un abcès de la marge anale, c’est-à-dire d’une petite boule rouge très douloureuse qui empêche le patient de s’asseoir.
Cette tuméfaction peut s’accompagner de fièvre.
La phase de suppuration se traduit, elle, par l’écoulement de pue provenant de cet abcès.
Bien que moins douloureuse, cette phase peut aggraver la situation dans le temps et rendre le traitement plus complexe.
Avec un écoulement purulent chronique
Permanent ou intermittent, cet écoulement peut entrainer une irritation locale avec prurit.
Sur le plan anatomique, le canal anale est bordé de deux muscles qui assurent la continence anale : le sphincter interne et le sphincter externe.
Chaque fistule se caractérise par un point de départ de l’infection dans le canal anal et par un trajet fistuleux de hauteur variable qui traverse l’appareil sphinctérien.
Le trajet fistuleux se termine donc soit en abcès de la marge anale, soit en suppuration chronique au niveau de la marge anale, de la fesse ou du rectum.
Il existe par conséquent deux types de fistules anales :
Fistule avec abcès révélateur
Elle se manifestent le plus souvent avec l’arrivée d’une douleur permanente et pas forcément rythmée par les selles. Elle peut être associée à une fièvre. A l’examen, la peau de la marge anale ou de la fesse est de couleur rougeâtre, tendue, luisante et douloureuse. Le toucher anal permet de localiser le point de départ de l’infection.
Fistule avec suppuration chronique
La fistule avec suppuration chronique peut succéder à une phase d’abcès ou s’installer d’emblée. Elle se manifestent le plus souvent, sous la forme d’un orifice externe qui écoule un liquide purulent auquel s’associe des douleurs vives et intermittentes.
La palpation lors de l’examen du patient, permet de sentir le trajet fistuleux entre l’orifice externe situé sur la marge anale et l’orifice interne infecté. Il peut y avoir plusieurs orifices externes qui correspondent presque toujours à un même orifice interne. On parle alors d’orifices homolatéraux. S’ils sont bilatéraux, il faut suspecter une extension controlatérale dite « en fer à cheval », les fistules anales doubles ou triples étant rares.
Les fistules anales représentent la principale cause des abcès ano-périnéaux. Elles touchent avec prédilection les hommes.
Le traitement de la fistule anale et des abcès de la marge anale est uniquement d’ordre chirurgical.
En effet, il est obligatoire de supprimer le trajet fistuleux pour obtenir une guérison à long terme.
En aucun cas, la prescription seule d’antibiotiques ne saura guérir le patient et très souvent, les anti-inflammatoires sont contre-indiqués dans ce genre de pathologies.
Le traitement chirurgical de la fistule anale répond à deux objectifs :
– mettre fin à la suppuration et éviter toute réinfection de la glande responsable en la traitant.
– respecter l’architecture ano-rectale et notamment le sphincter, muscles essentiels au bon fonctionnent de la continence anale. Cet objectif nécessite parfois de devoir segmenter les temps opératoires.

L’intervention chirurgicale de la fistule anale nécessite une anesthésie générale alors que le traitement d’urgence de l’abcès, qui repose sur une incision, peut se faire sous anesthésie locale soit en consultation, soit au bloc ambulatoire, si l’abcès est profond et difficile d’accès.
Chirurgie pour abcès constitué de la marge anale
L’abcès va être incisé afin de permettre au pus de s’évacuer.
Une fois, l’incision faite, le chirurgien repère le trajet de la fistule responsable. Si elle est superficielle et simple, le chirurgien pourra la traiter lors de la même intervention.
Si elle est complexe, profonde et traverse le sphincter, une seconde intervention devra être programmée.
Chirurgie pour fistule sans abcès constitué
La chirurgie va dépendre du trajet de la fistule et de sa morphologie. Pour l’évaluer, le chirurgien va devoir glisser une petite tige métallique souple au départ de l’orifice externe jusqu’à l’orifice interne de l’anus. À partir de cette évaluation, le chirurgien va choisir entre plusieurs types de technique chirurgicale :
TECHNIQUE DE LA MISE À PLAT D'EMBLÉE DU BISTOURI
Si la fistule est basse, c’est-à-dire superficielle, une mise à plat d’emblée au bistouri est possible car elle concerne peu de sphincter, sans conséquence significative sur la continence anale.
Cette technique permet un traitement complet de la fistule en une seul opération. Elle peut également se faire si la fistule est à l’intérieur du rectum (fistule inter-sphinctérienne ou intra-murale) car la quantité de sphincter concerné est là aussi minime.
AVANTAGES
Moins de risque d’endommager le sphincter et de compromettre la continence anale.
On compte seulement de 2% de récidive avec cette technique.
Soulage la douleur rapidement.
On observe une régression en quelques jours.
INCONVÉNIENTS
Douleurs, petits saignements, suintement intermittent et les difficultés à distinguer gaz et selles ou une fausse envie d’aller à la selle.
COMPLICATIONS
Il existe des risques d’incontinence anale.(moins de 10% des cas)
Elle concerne surtout la difficulté à retenir les gaz, les selles liquides et la présence de suintements intermittents.
LA FISTULOTOMIE
La fistulotomie consiste à identifier le trajet de la fistule puis à réaliser sa mise à plat.
On ouvre la peau vers l’air libre de la zone infectée puis, on sectionne une partie du sphincter de l’anus (facteur déterminant dans la décision thérapeutique).
Lorsqu’elle est limitée, la continence n’est pas menacée et un seul geste est effectuée en une seule opération.
Dans le cas contraire, on intervient en plusieurs temps (deux fois vois plus) en sectionnant en plusieurs opérations successives et en plaçant un fil élastique de drainage (souple et indolore) dans le trajet fistuleux repéré.
AVANTAGES
Technique efficace avec un taux de réussite sans récidive à long terme de plus de 90%.
INCONVÉNIENTS
Troubles de la continence anale avec des difficultés à retenir les gaz et quelquefois les selles + Récidives pouvant nécessiter un nouveau geste chirurgical + replis de peau (marisques) et cicatrisation disgracieuse
COMPLICATIONS
– Hémorragie postopératoire
– Infection locale
– Formation d’un véritable « bouchon » de matières se traitant par des lavements et majoration des laxatifs
– Douleurs, petits saignements, suintement intermittent et difficultés à distinguer gaz et selles.
LE SÉTON (SERRAGE ÉLASTIQUE)
Avec une fistule est trans-sphinctérienne (englobent plus de la moitié du sphincter externe), si on sectionne le sphincter externe, cela peut entrainer une incontinence.
Afin d’éviter cette complication, on réalise un drainage de la fistule par un séton (élastique souple introduit dans l’orifice du canal et extériorisé au niveau du périnée).
Le patient peut sortir le lendemain de l’intervention et lors des consultation (toutes les deux semaines environ), le séton est progressivement resserré afin de dissocier les fibres du sphincter anal qui cicatrise au-dessus du séton.
La fistule est asséchée et le chirurgien programme une fistulotomie.
AVANTAGES
Technique efficace avec un taux de réussite sans récidive à long terme de plus de 90%.
INCONVÉNIENTS
Douleurs après l’intervention qui peut être prévenue par le prise d’antalgiques avant l’opération.
8 semaines de cicatrisation
COMPLICATIONS
– Hémorragie
– Troubles de l’incontinence
– Récidives
TECHNIQUES D'ÉPARGNE SPHINCTÉRIENNE
Le traitement chirurgical d’une fistule vise à tarir la fistule.
La fistulotomie est la chirurgie la plus pratiquée car elle a un taux élevé de réussite mais elle présente un risque d’incontinence postopératoire.
Il exsite diférentes méthodes poiur paler à une section du sphincter comme :
– Lambeau d’avancement : boucher la fistule un morceau de muqueuse
– L’injection de colle : boucher la fistule avec injection de colle dans le séton
La ligature intersphinctérienne du trajet fistuleux (LIFT) : Fermer un trajet fistuleux anal sans altérer la fonction sphinctérienne en le suturant dans sa traversée de l’espace intersphinctérien.
– Le laser FiLaC®, la VAAFT® et la radiofréquence sont les trois traitements chirurgicaux d’épargne sphinctérienne disponibles qui traitent le trajet fistuleux par l’intérieur en le coagulant avec une énergie différente selon la technique choisie.
AVANTAGES
Pas de soins post-opératoires et suites opératoires indolores.
INCONVÉNIENTS
Taux de succès inférieurs à la fistulotomie à cause du risque de récidive de la fistule anale
COMPLICATIONS
Risque d’écoulements séreux et/ou sanguinolents par l’orifice externe pendant 4 semaines post-opératoires
Informations
Les fistules et abcès de la région anale sont le plus souvent dûs à l’infection d’une glande du revêtement interne du canal anal, appelée muqueuse.
C’est une pathologie fréquente, qui peut toucher tout le monde, sans cause particulière.

Les fistules et abcès de la région anale sont parfois mais, rarement associés à une maladie inflammatoire chronique de l’intestin.

Pour en savoir plus sur les MICI ( maladies inflammatoires chroniques de l’intestin)
Association de patients